Organisation de la 1ère rencontre intergénérationnelle à Pâques
Suite à la formation Montessori qu’une partie des collaborateurs de l’EMS du Petit Chézard ont suivie en mars 2015, nous avons réfléchi avec nos résidants à mettre en place un projet leur permettant de s’épanouir dans un rôle social. Très rapidement, les résidants ont émis l’envie de créer un partenariat avec l’école du village afin de pouvoir les recevoir ponctuellement dans notre EMS. C’est un projet que j’ai évidemment soutenu, car il me tenait à cœur. Ayant grandi dans cet EMS, j’ai souvent été confronté a une peur que mes copains d’école avaient de venir jouer chez moi, car nous vivions avec les résidants et ils avaient déjà des représentations plutôt négatives à l’encontre des personnes âgées.
Le thème de la première rencontre s’est donc porté sur Pâques, avec l’idée de faire découvrir aux enfants de 5-6 ans de l’école primaire du village, le développement des poussins.
Les résidants ont donc convié les enfants le 1er avril 2015 (date présumée de l’éclosion). Pour se faire, ils ont eux-mêmes créé une carte d’invitation.
Comme nous allions accueillir environ 25 enfants, les résidants ont proposé de faire des postes de maximum 5 enfants afin qu’ils ne soient pas trop dissipés. Lors d’une animation, les résidants ont proposé divers postes et nous en avons retenu 5 :
• Un poste « puzzle »
• Un poste « dessin »
• Un poste « découverte de la couveuse »
• Un poste « décoration de l’arbre de Pâques »
• Un poste « exploration de l’intérieur de l’œuf »
Nous nous sommes ensuite concentrés principalement sur les capacités préservées de certains de nos résidants (ceux qui allaient animer les ateliers) afin que nous puissions adapter les ateliers.
Le poste « puzzle » : c’est un résidant qui présente des troubles mnésiques sévères, mais qui a une bonne faculté à s’exprimer, qui est très souriant et qui aime beaucoup les enfants qui a voulu s’en occuper. Afin qu’il puisse être le plus autonome possible, nous avons adapté l’activité en lui mettant à disposition un modèle avec le puzzle corrigé sous les yeux afin qu’il puisse aiguiller les enfants au besoin. Sur le puzzle ont pouvait découvrir le développement d’un poussin dans un œuf et les enfants devaient mettre les pièces en respectant son évolution.
Le poste « dessin » : c’est une résidante qui a une bonne motricité fine qui s’est portée volontaire pour mener ce poste. Les enfants avaient le choix entre divers motifs et la résidante pouvait les conseiller dans le choix des couleurs.
Le poste « découverte de la couveuse » : c’est un ancien agriculteur qui présente des troubles cognitifs légers qui a mené cet atelier. Grâce à la lecture, il a pu leur lire et leur expliquer les conditions nécessaires au bon développement du poussin. Les enfants ont même eu la chance de voir les poussins casser leur coquille.
Le poste « décoration de l’arbre de Pâques » : ce poste a été animé par une résidante qui est malentendante. Au début, elle ne voulait pas participer lors de la visite des enfants, car elle avait peur d’être mise en échec en ne pouvant répondre aux éventuelles questions des enfants. Elle souhaitait donc participer à la préparation uniquement. Nous avons donc réfléchi à comment adapter l’atelier de façon à ce que son handicap ne se voit pas. Nous avons donc préparé l’atelier dans une pièce fermée et sur la porte il y avait une affiche qui disait « ici on s’exprime avec les mains ». Les enfants avaient donc eu la consigne qu’ils ne pouvaient pas parler et que tout ce qu’ils voulaient demander, ils devaient le faire en le mimant. La résidante a mené son atelier avec le sourire, les enfants ont joué le jeu et ont même trouvé ça très rigolo. Personne ne s’est rendu compte que la résidante était malentendante.
Le poste « exploration de l’intérieur de l’œuf » : c’est un résidant qui a donné l’idée de créer une chambre noire, car il nous a expliqué qu’avec une lampe de poche spéciale on pouvait voir le poussin à l’intérieur de l’œuf. Nous avons donc créé ce poste dans une salle de bain qui n’a pas de fenêtre et le résidant en question connaissait un agriculteur de la région qui nous a fourni une lampe de poche. Ce résidant très sociable a expliqué aux enfants, avec bienveillance, comment le poussin allait faire pour casser sa coquille.
Tous les résidants ont participé à la préparation de cette journée, à leur façon et en fonction de leurs capacités. C’est eux qui ont organisé cette journée avec un seul mot d’ordre pour les animateurs « laisser le choix aux résidants ».
Pour conclure, lorsque les enfants sont partis, nous avons attribué un rôle à une résidante qui présente des troubles mnésiques sévères avec des angoisses permanentes. Lors des préparatifs, nous nous étions dit qu’il était impossible de lui trouver un rôle en raison des troubles importants du comportement, mais ensuite, en réfléchissant aux capacités préservées, nous avons pu identifier qu’elle a de bonnes capacités sociales préservées. Elle aime saluer les personnes qui entrent et qui sortent de l’EMS tout au long de la journée. Nous lui avons donc attribué la tâche de donner à chaque enfant un petit présent, en leur disant « Merci… » à tour de rôle.
Julie Challandes
Infirmière responsable